Quand on se promène sur les rives de l’Yerres, on ne peut que se féliciter de bénéficier, si près de Paris, d’un paysage aussi bucolique.

Pourtant, cette apparence est trompeuse et la jolie rivière qui traverse notre vallée est en réalité une rivière qui va mal. Artificialisée depuis trop longtemps, son eau manque d’oxygène, son courant faible favorise l’envasement et la biodiversité se réduit inexorablement.

Pour enrayer ce phénomène, commun à une bonne partie des cours d’eau européens, l’Europe puis la France ont adopté le principe d’une renaturation des rivières et ce pour préserver la qualité de la ressource en eau.

En permettant à la rivière de retrouver un fonctionnement plus naturel, on favorise l’autocurage du fond de la rivière, sa réoxygénation et donc des conditions favorables à la vie.
De plus, la levée des obstacles à l’écoulement, en permettant la libre circulation des espèces et la diversification des substrats du cours d’eau, favorise la biodiversité animale et végétale.

Dans tous les sites où des opérations de renaturation ont déjà été menées, on a ainsi pu constater un écoulement plus libre et des substrats plus diversifiés.

Réduire les obstacles qui asphyxient la rivière

Au fil des siècles, des usages divers (minoterie, canotage, pêche, agriculture…) ont conduit les riverains de l’Yerres et de ses affluents à installer des obstacles plus ou moins importants : seuils, vannes, barrages mobiles, etc.
Ces ouvrages, sans doute utiles à l’époque, constituent désormais des obstacles au fonctionnement naturel de la rivière.

La mission générale du SyAGE est de veiller à la préservation de la ressource en eau et la renaturation des rivières est, avec la lutte contre les pollutions, un des deux leviers essentiels de cette mission.

Ainsi, le SyAGE a initié depuis plusieurs années déjà un vaste projet de renaturation de l’Yerres et de ses affluents. L’objectif de ce projet appelé « restauration de la continuité écologique » est de favoriser la biodiversité et la circulation des poissons et des sédiments qui forment le lit du cours d’eau. Cet objectif passe parfois par l’aménagement, voire la suppression, totale ou partielle, des obstacles posés en travers de leurs lits.

Le bief* de Suzanne à Montgeron (2009) ou le bief d’Evry-Grégy-sur-Yerres (2021) ont déjà bénéficié d’une telle mesure de renaturation, retrouvant ainsi un courant, une biodiversité et une « musique » qui réjouissent les promeneurs.

Les biefs de Rochopt à Boussy-Saint-Antoine (2018) ou de Céravennes à Yerres (septembre 2021) font quant à eux l’objet d’études ainsi que de tests d’abaissement des barrages pour visualiser le futur niveau d’eau, permettant d’accompagner au mieux le cours d’eau dans sa renaturation.

Un réel bénéfice en termes de prévention des inondations

L’aménagement ou la suppression des obstacles artificiels sur la rivière aura également un impact positif en matière de prévention des inondations. En effet, cette suppression aura notamment pour conséquence de permettre à la rivière de retrouver sa hauteur naturelle, plus basse qu’actuellement.

En cas d’inondation, le volume ainsi récupéré permettra de gagner quelques heures précieuses qui faciliteront la mise en sécurité des biens et des personnes.

De plus, si cette renaturation s’accompagne de la (re)création de méandres, ceux-ci permettront de freiner les vitesses d’écoulement, de dissiper l’énergie du cours d’eau, de favoriser l’étalement dans les plaines inondables et donc de limiter les inondations.

Il n’est pas possible d’empêcher une inondation, mais cette renaturation permettra de retarder les débordements et de limiter les dégâts qu’une crue peut occasionner…

Faire confiance à la nature

La renaturation constitue une véritable révolution dans la relation à l’environnement. En effet, après avoir longtemps lutté contre la nature, chacun a compris qu’il était désormais temps de réapprendre à vivre avec elle et de faire confiance à sa capacité de résilience.

Que cela soit en matière de biodiversité ou de qualité de l’eau, la rivière est tout à fait capable de faire naturellement ce qui nous demanderait bien des efforts.

Les solutions dites « Fondées sur la Nature » sont désormais privilégiées car elles s’appuient sur les puissants mécanismes d’autorégulation du milieu. Il suffit parfois d’un simple petit coup de pouce initial pour que, très vite, la Nature reprenne ses droits.

*Bief : portion de cours d’eau.

 

Regardez ici notre vidéo sur la renaturation !